Faut-il fermer les yeux pour prier ?
Drôle de question, hein ? Vous vous l’êtes déjà posée ? Pourtant, je suis presque sûr que la majorité d’entre nous ferme les yeux pour prier. Et vous savez quoi ? Moi aussi !
J’ai déjà essayé de prier les yeux ouverts, et pour moi, c’est super bizarre. J’ai toujours fermé les yeux en priant : mes parents faisaient comme ça, les gens de mon église faisaient comme ça et j’ai appris à faire comme ça. Pour moi, les deux sont profondément liés.
Et pourtant, il y a quelques années, j’ai découvert qu’aucun passage dans la Bible n’incite à fermer les yeux pour prier. Pourtant, elle nous donne de nombreux conseils pour prier selon le coeur de Dieu : l’humilité (Luc 18-10), la foi (Matthieu 21-22), la persévérance (Luc 18), la volonté de Dieu (1 Jean 5:14), l’intimité (Matthieu 6:6), etc. Jésus donne même le célèbre modèle du Notre Père juste après “le lieu secret”. Mais rien sur les yeux…
Bon allez, je vais être honnête : on s’en fiche de savoir s’il faut fermer les yeux ou pas, ça n’est pas le vrai sujet de cet article. La vraie question, c’est “pourquoi faisons-nous les choses de telle ou telle façon ?”. Il est facile d’être convaincus que nous agissons de la meilleure manière et pour plein de raisons :
c’est comme ça que nous avons appris,
c’est comme ça que nos modèles agissent,
c’est valorisé socialement,
c’est ce qui semble fonctionner le mieux,
etc.
Toutes ces raisons, parfois combinées, font que de simples pratiques héritées du passé, peuvent prendre une grande place dans nos vies. Au point qu’il est impensable de faire autrement, comme si ces habitudes avaient intégré notre théologie personnelle ou collective.
Petite anecdote pour illustrer mon propos. J’ai grandi dans une église implantée dans les années 60. À cette époque, et depuis que Jules Ferry l’avait institué en 1882, le jeudi était le jour de repos hebdomadaire des écoliers. Une journée réservée au catéchisme pour la plupart d’entre eux. Mon église, fraîchement implantée, a donc proposé une réunion pour les familles, le jeudi après-midi. Mais en 1972, environ 10 ans après la création de cette réunion du jeudi, le Gouvernement a décidé de fixer le jour de repos des écoliers au mercredi. Je le dis avec sourire et tendresse, mais cette réunion du jeudi n’a jamais été déplacée au mercredi. Elle a été maintenue pendant plus de 20 ans, et rapidement, seules quelques mamies pouvaient s’y rendre.
Le passé peut parfois être un passager bien encombrant. Certains s’en accommodent ou le chérissent, au prétexte qu’il ne faut pas déplacer la borne ancienne que nos pères ont posée (Proverbes 22:28). Si cela est vrai pour les vérités fondamentales de la foi chrétienne, il peut être contre-productif d’extrapoler l’application de ce verset aux “liturgies” par lesquelles nous vivons notre foi. Mais alors comment faire la différence ? Comment distinguer le biblique de l’humain et debunker les pratiques qui se sont tellement patinées avec le temps qu’elles semblent avoir un vernis de spiritualité ?
Plusieurs pistes de solutions :
sur nos lieux de vacances, visitons d’autres dénominations pour voir que la même foi qui nous unit peut se vivre dans d’autres formats,
quand de nouvelles personnes visitent notre église, demandons-leur de nous partager ce qui les surprend. Cette méthode, dite du rapport d’étonnement, est très efficace pour nous donner du recul là où nous n’en avons plus,
à l’instar du doute méthodique cher à Descartes, questionnons méthodiquement nos organisations, nos process, nos habitudes pour sortir de nos formatages et de nos pilotages automatiques,
distinguer dans nos pratiques ce qui est réellement biblique de ce qui est simplement culturel. Ça ne veut pas dire qu’il faut se débarrasser du culturel, mais peut-être lui redonner sa juste place et ainsi s’autoriser à le faire évoluer.
Et s’il le faut, n’hésitons pas à envisager une “rééducation”. Parfois, je me force à prier les yeux ouverts. Pas parce que je rejette la façon dont j’ai toujours prié les yeux fermés. J’y trouve de la révérence et de la concentration. Mais parce que je veux aussi pouvoir prier en d’autres circonstances. Quand je conduis par exemple… mieux vaut garder les yeux ouverts, non ?!
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