Aller vers les Nations… au coin de la rue
Ces derniers mois, nous rencontrons de plus en plus de Chrétiens qui partagent un point commun : ils ont donné leur vie à Dieu en dehors de leur culture d’origine.
Une étudiante vietnamienne qui se convertit à Londres pendant ses études, un jeune Français athée qui donne son coeur à Jésus au Texas, un journaliste gallois qui découvre Dieu à Dubaï, et j’en passe. Forcément, ça nous interpelle !
Et forcément, on se questionne sur les raisons de ce phénomène. On entrevoit plusieurs façons de l’expliquer :
Une plus grande propension à la mobilité
Les chiffres sont sans appel : en presque 20 ans, le nombre de touristes internationaux a plus que doublé, passant de 674 millions (en 2000) à 1,5 milliard (en 2019). Quant aux études à l’étranger, l’augmentation est de plus de 150 % sur la même période, passant de 2 à 5,3 millions d’étudiants étrangers dans le monde (sources : OMT et Unesco). Ces fortes hausses s’expliquent par plusieurs facteurs : la baisse des tarifs du transport aérien, boostée par les compagnies low cost, l’augmentation du niveau de vie dans de nombreux pays, la facilitation des procédures de visa et d’immigration.
De plus en plus de raisons de s’expatrier
Cette mobilité grandissante va bien plus loin que le tourisme ou les études à l’étranger. Ces dernières années, l’explosion de l’économie digitale a fait émerger une nouvelle catégorie de travailleurs : les Digital Nomads, attirés par des pays au coût de la vie assez faible (Bali, Thaïlande,…). Certains de ces pays ont même créé des visas spécifiques. D’autres recherchent une qualité de vie, comme ces nombreux retraités américains et britanniques, qui viennent passer leurs vieux jours dans le sud de la France. Et puis il y a ceux qui tombent amoureux d’un pays, d’une culture, et qui n’hésitent pas à y refaire leur vie, comme ces milliers de Français en Corée du Sud. Il existe de nombreux outils en ligne pour mesurer les populations expatriées (par exemple : France Diplomatie pour les Français et les sites comme celui des CCI France-Corée).Une plus grande vulnérabilité ?
Cette piste est en forme de question car à notre connaissance, aucune étude ne semble l’accréditer. Seulement une intuition très humaine selon laquelle une fois loin de chez soi, de sa famille et de ses repères, on est peut-être plus enclin à s’ouvrir aux autres, à réaliser ses limites et chercher de l’aide. Un terreau d’humilité propice à rencontrer Dieu.Une remise à zéro ?
Là encore, un point d’interrogation s’impose. Mais on peut imaginer que loin de sa culture, il s’opère une espèce de remise à zéro des compteurs dans ses a priori, ses idées préconçues et ses références culturelles. Pour prendre l’exemple de notre ami français converti au Texas, il concède que sa vision de Dieu “à la française” était très conditionnée par l’héritage catholique et la laïcité. Sa culture et son éducation françaises avaient façonné en lui une image de Dieu qui ne lui donnait pas envie de le rencontrer. Son immersion texane, sa vie quotidienne chez des Chrétiens qui vivent ce qu’ils croient et ses premiers cultes dans une église évangélique ont balayé tout ce qu’il croyait savoir de Dieu.
Ces réflexions pèsent de plus en plus sur nos coeurs et cette semaine, alors que je lisais ma Bible, un passage (que je pensais bien connaître) sur la conversion de Paul m’a percuté :
Il était en route pour Damas et approchait de cette ville, quand, tout à coup, une lumière qui venait du ciel brilla autour de lui. Il tomba à terre et entendit une voix qui lui disait : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » Il demanda : « Qui es-tu Seigneur ? » Et la voix répondit : « Je suis Jésus, celui que toi tu persécutes ». (Actes 9:3)
Même Paul était loin de son pays quand Jésus s’est révélé à lui. Il était près de Damas, en Syrie, à environ 270 km au nord-est de Jérusalem. Il a fait ses premiers pas dans la foi avec Ananias, un homme d’une culture différente de la sienne.
En fait, la Bible est pleine de récits similaires : des rencontres avec Dieu ou des actes de repentance loin de son pays ou sa culture d’origine :
Moïse et le buisson ardent (lui qui a reçu une éducation égyptienne),
Jacob qui fuit son frère et son pays, et rêve de l’échelle à Béthel,
Daniel reçoit des révélations divines, alors qu’il est captif à Babylone,
Naaman guéri miraculeusement dans la Jourdain, loin de son pays, la Syrie,
Le fils prodigue réalise son péché et son besoin de retrouver son père, “dans un pays lointain”.
Aujourd’hui et plus que jamais auparavant, nos villes sont pleines d’étudiants et de travailleurs loin de leur pays, de leurs sécurités… et de leurs idées reçues sur Dieu. C’est un timing parfait pour les atteindre, leur présenter leur Père et leur Sauveur comme ils ne l’ont jamais vu ou entendu. Pour les Chrétiens que nous sommes, et les églises locales que nous représentons, cela peut devenir un véritable champ de mission.
Concrètement, comment faire ? Il n’y a pas de recette miracle, mais il existe au moins un préalable à remplir : parler leur langue (ou au moins l’anglais). Ainsi, chaque membre bilingue de votre église devient potentiel traducteur, mais surtout un missionnaire en puissance. Et côté logistique, pas besoin d’être une megachurch ! Cela peut aussi se faire très simplement, puisque chacun a déjà son matériel : son téléphone et ses écouteurs.
Voilà une suggestion de fonctionnement à mettre en place et à adapter aux contraintes de chacun :
créer un coin au fond de l’église pour les traducteurs,
créer un groupe WhatsApp pour chaque langue traduite,
au début du culte, les personnes intéressées scannent le QR code correspondant au groupe WhatsApp de leur langue, pour devenir membres de ce groupe.
avant le culte, le traducteur lance un appel audio au groupe
chacun décroche et met ses écouteurs sur son téléphone, coupe son micro, et profite de la traduction
La traduction peut être un service comme un autre dans l’église, mais elle peut aussi être le point de départ d’un travail missionnaire. Particulièrement dans les pays où les expatriés sont venus par amour pour les gens et la culture : ils recherchent l’intégration et le contact avec les locaux. Si l’église locale le réalise et devient intentionnelle pour les atteindre et les aimer, elle peut créer des espaces pour les accueillir : échanges à la fin du culte avec les bilingues, groupes de maisons, pique-niques, etc.
La Bible dit que “Celui qui erre loin de chez lui ressemble à un oiseau errant loin de son nid.” (Proverbes 27.8). L’Église peut être pour eux un nouveau nid, une nouvelle famille.
Jésus nous commande d’aller vers les Nations mais de plus en plus, elles sont juste au coin de la rue.